INTERNATIONAL - Le président brésilien Jair Bolsonaro a autorisé ce vendredi 23 août la mobilisation de l’armée en Amazonie pour lutter contre les incendies, en réponse à la pression internationale croissante contre le Brésil.
La mesure, prise par décret par le président d’extrême droite, autorise à partir de samedi et pour une durée d’un mois les gouverneurs des États concernés à mobiliser l’armée pour “l’identification et la lutte contre les foyers d’incendies”, ainsi que pour “des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux”.
Dans un tweet, Donald Trump -à qui Jair Bolsonaro est souvent comparé- a déclaré qu’il avait proposé son aide pour venir à bout des incendies. “Nos futurs projets traités commerciaux sont très excitants et notre relation est forte, peut-être plus forte que jamais”, a précisé à cette occasion le président américain.
Quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés en 24 heures jeudi, selon les chiffres communiqués vendredi par l’Institut national de recherche spatiale (INPE). Entre janvier et le 22 août, ce sont très exactement 76.720 feux de forêt qui ont été enregistrés dans tous le pays, soit 85% de plus que sur la même période de l’an dernier. Plus de 52% concernent l’Amazonie.
“Psychose internationale” selon Bolsonaro
À Brasilia, Jair Bolsonaro, après avoir évoqué une “psychose environnementale”, a finalement tenu tard jeudi une réunion de crise avec une demi-douzaine de ses ministres, dont ceux de l’Environnement Ricardo Salles et de la Défense Fernando Azevedo e Silva. Cette réunion a visiblement été convoquée en réaction aux pressions qui s’accentuaient sur le président pour sauver l’Amazonie, dont 60% se trouve en territoire brésilien.
Les feux de forêt, essentiellement dus à la déforestation, aggravée par la saison sèche qui se poursuivra en septembre, ont pris une dimension internationale jeudi: l’ONU et Emmanuel Macron ont interpellé vivement Jair Bolsonaro, le président français -suivi par les dirigeants allemand et canadien- allant jusqu’à inscrire cette catastrophe environnementale à l’agenda du G7 qui s’ouvre samedi.
Accusant Jair Bolsonaro d’avoir “menti” sur ses engagements climatiques, le président de la République a aussi décidé de s’opposer à l’accord de libre-échange UE-Mercosur.
Sur les réseaux sociaux les appels de la planète politique, sportive ou hollywoodienne en faveur du “poumon de la planète”, se sont multipliés, tandis que des manifestations en défense de l’Amazonie se sont déroulées en fin de journée à Sao Paulo et Rio de Janeiro, mais aussi dans de très nombreuses capitales européennes, à l’appel de nombreuses ONG. Parmi celles-ci le mouvement de la jeune Suédoise Greta Thunberg, “Fridays for Future”.
Très mécontent de cette prise de position internationale, Jair Bolsonaro s’en est directement pris à Emmanuel Macron, accusé d’entretenir “une mentalité colonialiste dépassée au XXIe siècle”. Le président brésilien a accusé son homologue français de vouloir “fomenter la haine contre le Brésil par simple vanité”. Peu avant, il tweetait: “Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l’Amazonie”.
Les alliés du président se sont aussi mobilisés sur Twitter, tel son fils Eduardo, député et possible prochain ambassadeur du Brésil aux États-Unis, qui retweetait une vidéo de violentes manifestations de gilets jaunes en France avec le texte: “Macron est un idiot”.
“Risque aggravé de sanctions”
Le puissant secteur de l’agro-négoce, gros exportateur au Brésil et jusqu’ici soutien politique actif de Jair Bolsonaro, commençait toutefois à s’inquiéter sérieusement des répercussions économiques de la montée de tensions avec les partenaires commerciaux de la première puissance économique d’Amérique latine.
Pour l’analyste Thomaz Favaro, Jair Bolsonaro a “mis de l’huile sur le feu avec ses commentaires (...) sur le rôle des ONG et sur Macron”. “Il a aggravé le risque de sanctions et de représailles, y compris contre l’accord UE-Mercosur”.
Avec la France, dont la Guyane abrite une petite partie de la forêt amazonienne, l’Irlande a aussi menacé de bloquer l’accord si le Brésil ne réagissait pas en Amazonie.
La presse brésilienne déplorait l’impact très négatif des positions de Jair Bolsonaro sur l’image du Brésil à l’étranger. “La relation à court terme avec l’Europe va vraiment être difficile”, a déclaré à l’AFP Oliver Stuenkel, de la Fondation Getulio Vargas (FGV).
Le président d’extrême droite, un climato-sceptique assumé, a déclaré cette semaine avoir des “soupçons” sur une responsabilité des ONG dans les incendies en Amazonie. Il a provoqué l’ire de 118 ONG qui l’ont accusé d’“irresponsabilité”. En début de semaine, il avait également accusé les gouverneurs des Etats amazoniens “de ne pas avoir levé le petit doigt” contre les incendies et même de “connivence”.
À voir également sur Le HuffPost: