CINEMA - Après les bandes-annonces visionnées des dizaines de millions de fois et une campagne marketing qui n'est pas passée inaperçue, la première partie de l'adaptation cinématographique du célébrissime roman de Stephen King "It" ("Ça", en français) s'apprête à envahir les cinémas de France à partir de ce mercredi 20 septembre.
Gigantesque succès du box-office outre-Atlantique, ce film réalisé avec 35 millions de dollars en a engrangé plus de 220 en seulement dix jours et est très bien parti pour devenir le film d'horreur américain à générer le plus d'argent de tous les temps devant "L'Exorciste" de 1973.
L'emballement est-il à la hauteur des attentes? Le maléfique clown qui avait déjà traumatisé toute une génération avec le téléfilm de 1990 va-t-il vous donner d'atroces sueurs froides dans les salles obscures? Le HuffPost a assisté à une projection à Los Angeles et vous donne son avis avant la sortie française.
"Toi aussi, tu flotteras"
Le premier chapitre de "It" commence sous une pluie torrentielle dans la petite ville de Derry, au nord-est des États-Unis. George, six ans, demande à son grand frère Bill de lui construire un bateau en papier pour qu'il aillent le faire flotter dehors dans le caniveau. Sous les trombes d'eau, l'enfant part s'amuser avec le navire mais le perd dans une bouche d'égout. Alors qu'il tente, à bout de bras, de le rattraper, un clown surgit et le tue.
Plusieurs mois passent et les disparitions d'enfants continuent. Alors que les vacances d'été commencent, Bill et six autres jeunes adolescents qui se font martyriser par un de leur camarade d'école plus âgé se lient d'amitié en essayant d'échapper à leur tyran. Au fil des semaines, le groupe va se rendre compte qu'il doit affronter une autre menace tout aussi pressante: le monstre qui a dévoré le petit Georgie a bien l'intention de traîner leur corps sans vie dans le système d'évacuation des eaux usées où il réside (voir la bande-annonce ci-dessous).
Un film d'horreur qui laisse à désirer...
Pour qu'un film d'horreur soit réussi, il y a un ingrédient fondamental: cette tension qui envahit petit à petit, et sans relâche, la personne devant son écran. Pas besoin de voir des litres de sang, des membres découpés ou des tueurs masqués. Une simple ombre derrière une porte comme dans "The Conjuring" ou un rire crispé et larmoyant comme dans "Get Out" peuvent devenir la scène la plus effrayante de tout un film si la tension qui y règne est assez forte.
Et c'est justement ça qui manque à "Ça". Tout d'abord parce que la menace, ce démon qui s'amuse à prendre la forme d'un clown qui répond au doux nom de Pennywise, est dévoilée dès les premières minutes. Ce dernier apparaît à peine caché par la pénombre des égouts, puis se montre rapidement crâne craquelé et tignasse orangée au grand jour. L'effet de surprise est donc réduit à peau de chagrin. Ce n'est pas pour rien que les scènes les plus terrifiantes de films du genre ont tendance à se dérouler en pleine nuit, c'est le moment où les monstres prennent le mieux vie: mettez les Michael Myers, Freddy Krueger, Samara Morgan et autre Annabelle au milieu d'un jardin en plein jour, l'effet n'est pas le même...
Le clown est bel et bien présent dans le livre de Stephen King dès le départ et parfois sous la lumière du soleil, mais il s'annonce toujours par une odeur à vomir ou des noms d'enfants lentement susurrés, les personnages se retrouvent comme sous son emprise et s'approchent lentement de lui malgré la terreur intérieure qui les remplit avant même qu'il ne se montre. L'ambiance du livre est ainsi beaucoup plus angoissante que le film qui arrive en salle.
L'omniprésence du clown dans cette adaptation amène d'ailleurs un effet secondaire un peu regrettable. Les effets spéciaux utilisés sur Pennywise sautent plus facilement aux yeux et apparaissent même parfois un peu grossiers. Ajoutez à cela le fait que cette trame cauchemardesque soit constamment coupée par l'histoire qui raconte l'amitié qui grandit au sein du groupe d'ados, la crispation a bien du mal à s'accumuler et on ne passe pas le film accroché à son siège, suant à grosses gouttes. "Ça" n'est pas un film devant lequel vous cacherez une partie de l'écran avec vos mains ou détournerez discrètement le regard de peur de voir ce qu'il va se passer.
... mais un drame touchant
Les personnes très sensibles aux films d'horreur ne manqueront tout de même pas d'avoir peur par-ci par-là, les fans du genre se feront surprendre et sursauteront trois ou quatre fois, eux aussi. Mais ce n'est pas là-dessus que repose la réussite ou l'intérêt de ce premier chapitre au cinéma de "It".
Le film se focalise avant tout sur ses jeunes personnages et leur dynamique. Entre Bill -qui n'arrive pas à faire le deuil de son petit frère-, Ben -constamment moqué pour son poids-, ou encore Beverly -qui doit vivre avec un père abusif et des rumeurs tenaces au collège. Chaque membre de ce qui devient "le club des losers" brille ici grâce à une personnalité bien distincte et touchante, ainsi que par ses combats personnels tragiques.
Combats auxquels viennent s'ajouter une bataille commune contre Henry Bowers, terrible brute de leur collège dont le comportement est mis en scène sans reculer sur la violence verbale et violence physique telle qu'elle décrite dans le livre. C'est là que l'horreur réside: dans le réel. La haine et les troubles qui bouillonnent en ce jeune homme ont plus de quoi faire trembler que les apparitions du satané clown.
Agréablement, c'est au final l'humour qui vient régulièrement prendre le dessus. Que ce soit pour aborder les sujets difficiles, les confrontations avec leurs cauchemars ou les premières amours, les interactions de la bande laissent le spectateur un sourire aux lèvres. Un sourire qui ne le quitte jamais longtemps en 2h15 de film. C'est là la force de ce premier chapitre très solide, et non pas les frissons de terreur.
Pour les fans d'horreur, reste maintenant à espérer que la suite -qui se déroulera 27 ans plus tard quand Pennywise fera son retour et forcera le gang à se réunir- plongera pleinement dans l'horreur. Réponse en 2019.
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