LIVRES - Le Premier ministre leur donnera-t-il gain de cause? Alors que Jean Castex doit donner une conférence de presse ce jeudi 29 octobre, en présence de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, pour détailler les derniers arbitrages du confinement, les libraires tirent la sonnette d’alarme.
Au même titre que les commerces alimentaires, ceux dans l’automobile, l’informatique, la santé ou du quotidien, ils demandent à ce que leurs librairies soient considérées comme des commerces essentiels pour rester ouvertes.
“La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles”, explique un communiqué signé par le Syndicat national de l’édition, le Conseil permanent des écrivains et le Syndicat national de la librairie française.
Éviter “un isolement culturel”
Lors du premier confinement, les librairies sont restées fermées, “blessant au cœur toute la filière du livre, précisent les syndicats. Les professionnels n’y étaient pas préparés.”
Depuis, les choses ont changé. “Les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées”, assurent les libraires.
Alors que les fêtes de Noël approchent, et que la possibilité de venir récupérer sur place un livre commandé en ligne (grâce au dispositif du “click and collect”) ne suffirait pas à combler les attentes des lecteurs, les libraires demandent à ce que leurs établissements restent ouverts pour que “confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel”.
Un avis partagé par François Hollande. Sur Europe 1, l’ancien président dit désapprouver la décision de fermer les librairies. “Je pense qu’il faut revoir cette disposition, concède-t-il. J’étais, hier, dans une librairie. C’est un lieu où les règles sanitaires peuvent être parfaitement respectées. Mais c’est un lieu où les familles peuvent se rendre, où on a envie de liberté. Quand on n’a plus la liberté de circuler, on doit avoir au moins la liberté de penser, de lire. Ça fait partie de notre patrimoine.”
Repousser la saison des prix littéraires
À l’approche de la remise annuelle des grands prix littéraires, comme le Goncourt, plusieurs professionnels s’inquiètent. Pour Anne Martel, présidente du syndicat de la librairie française, c’est “une porte ouverte royale pour Amazon”, comme elle l’a expliqué au micro de France Inter ce jeudi 29 octobre. “Un quart des livres vendus en France se vendent entre novembre et décembre. En moyenne, c’est 25 % du chiffre d’affaires d’une librairie, la fin de l’année”, précise-t-elle.
Face à cette menace, elle propose de repousser la saison des prix littéraires. “Ce ne serait pas stupide comme idée, assure Anne Martel. Ce serait aussi une manière pour eux de soutenir la librairie indépendante. Que des jurés d’un prix prestigieux remettent leur décision à début décembre, ce ne serait pas une mauvaise nouvelle.”
La réponse du Goncourt ne s’est pas fait attendre. Solidaires avec les libraires, les Académiciens “ne peuvent envisager que le prix Goncourt qu’ils devaient annoncer le 10 novembre le soit alors que les librairies seraient fermées”, a fait savoir l’Académie dans un communiqué. “En conséquence, si c’était le cas, ils reporteraient la proclamation du prix Goncourt à une date ultérieure qui serait précisée en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et des décisions gouvernementales prises.”
“Passez chez votre libraire”
Dans la matinée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a, lui, rappelé sur RTL que les aides financières, accordées aux restaurateurs, seront aussi valables pour les libraires, précisant dans la foulée que Bruno Le Maire devrait annoncer des aides supplémentaires dans la journée pour “ces commerces qui resteront fermés” et donner des infos quant à la prise en charge du loyer.
Pour limiter les dégâts face à la concurrence d’Amazon, Garbiel Attal invite les Françaises et les Français à se rendre sur d’autres sites, comme placedeslibraires.fr et librairiesindependantes.com. “Aujourd’hui, avant de rentrer chez vous, passez chez votre libraire pour acheter un livre. Moi c’est ce que je vais faire”, assure-t-il.
Même si dans l’entourage du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, on assure que la liste des commerces qui pourront rester ouverts sera très proche de celle de la première période de confinement, les libraires devraient être fixés pour de bon ce jeudi. Comme eux, les coiffeurs sont censés fermer leurs portes ce jeudi soir. Les fleuristes, eux, ont jusqu’au 1er novembre, date de la Toussaint, pour vendre leurs derniers bouquets.
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